Youhouhou ! Le concours de l’Eurovision, c’est l’événement non-sportif le plus regardé au monde. Avec en moyenne 200 millions de téléspectateurs devant leur poste lors de la grande finale, la pression est grande pour les artistes et les délégations nationales. Longtemps raillée pour ses piètres performances, la France semble depuis 2 ans enfin comprendre l’enjeu du show.
L’Eurovision, tout le monde connait, tout le monde a déjà regardé. Qu’on l’admette ou non. Par réelle passion ou pour passer une soirée rigolade, c’est un incontournable du petit écran. Sauf qu’au-delà de nos frontières, le concours de chant le plus célèbre du monde n’est pas du tout pris à la légère. Loin de là : compositeurs de machines à tubes, chorégraphes, effets pyrotechniques …
La prestation des poulains de certaines délégations sont étudiées et préparées au millimètre. C’est le cas de la Suède qui comptabilise 6 victoires dont 4 en vingt ans, de la Norvège ou de l’Israël, véritables mastodontes de l’Eurovision. Des shows dignes de Michael à sa plus grande époque. Oui, difficile à croire quand on a encore l’image du concours resté bloqué dans les années 70.
41 ans de défaites
Bon, on aborde le sujet sensible : le parcours de la France à l’Eurovision. En soit, nous sommes le troisième pays avec le plus de victoires, 5. C’est bien. Sauf que le dernier trophée tricolore, c’est notre chère Marie Myriam avec son Oiseau et L’Enfant qui l’a brandi … en 1977 ! Oui, ça date.
Depuis, rien ? Si. De très bonnes places dans les années 90, des injustices aussi, mais pas de victoire, ça c’est sûr. Les années 2000 ont connu les heures les plus sombres de la France à l’Eurovision. 18ème, 23ème, 15ème … Jusqu’à atteindre le Saint Graal du perdant : la dernière place, en 2014 avec les Twin Twin et leur « brillant » titre : Moustache. C’est sûr qu’à côté de la diva Conchita Wurst, il ne fallait pas s’attendre à mieux. 2015, c’est mieux, on arrive avant-dernier grâce à un hymne à la dépression signé Lisa Angell, N’Oubliez Pas.
C’est dur, la France en pâtit, nous pleurions à chaque nouvelle édition du concours.
Lève ta main et crie Victoire !
Ces heures à se demander si la France a vraiment un incroyable talent sont résolues. Las d’être pris pour les Raymond Poulidor de l’Eurovision, la délégation française a décidé de se ressaisir et d’enfin prendre le concours au sérieux. Envoyer des ballades mièvres datées du siècle dernier ne suffira pas, même pour les grands amoureux de la langue française présents en Europe.
La délégation française se rajeunit (il était pas trop tôt), et embauche un homme avec une vision artistique large, dynamique et qui connaît parfaitement l’évolution du concours : Edoardo Grassi. Ce bel italien arrive à la tête de la délégation hexagonale en 2015 et compte bien donner un bon coup de jeune à nos propositions musicales.
Et le sort est -presque- enfin conjuré en 2016 quand Amir est désigné comme représentant. J’ai cherché, un titre puissant, bilingue, « eurovisionnesque », avec des gimmicks accrocheuses et une dynamique folle. Les places grimpent, grimpent, grimpent. Nous arrivons enfin 6ème, ce n’est pas le top 5 mais c’est assez haut pour sabrer le champagne et ériger Amir en héros national. L’année suivante, même recette, mais version féminine et french touch, la beauté Alma nous emmène dans un Montmartre romantique et dansant, et se place 12ème, et 9ème rien qu’avec les votes du public.
Des prestations saluées par les professionnels, des artistes jeunes, brillants et sympathiques, qui jouent le jeu de la promo et des interviews. Puisque, oui, l’Eurovision c’est aussi ça, l’image de l’artiste.
Le parcours de la France à l’Eurovision vu par un spécialiste
Interrogé au sujet de la nouvelle stratégie de la France à l’Eurovision, et des échecs successifs, Ron Kavaler, journaliste pour Wiwibloggs, le plus gros site dédié à la culture Eurovision, nous livre ses impressions sur notre beau pays:
Que pensez-vous de la nouvelle stratégie de la France à l’Eurovision ?
J’aime la « nouvelle » France à l’Eurovision. Vous envoyez de très bonnes chansons, avec de belles mélodies, des rythmes « catchys ». Ce que j’apprécie particulièrement, c’est que vous gardez tout de même la beauté de la langue française, c’est ce qui plaît aux pays européens, parfois lassés de toutes ces chansons en anglais. J’aimais tout autant les ballades « vieille France » de 2001 et 2002 (Natasha St-Pier et Sandrine François, ndlr)
Pourquoi pensez-vous que la France n’ait pas gagné depuis 41 ans ?
Pour moi, justement, vous auriez dû gagner en 2001 et/ou 2002. De très belles ballades, puissantes et émouvantes, c’est tout ce qu’aime l’Eurovision. En 2010 aussi, avec Jessy Matador (arrivé 12ème avec Allez, Ola, Olé, ndlr). Dans les années qui ont suivies, les prestations n’étaient pas abouties, pas bonnes honnêtement, en complet décalage avec l’époque. Il ne faut pas dramatiser pour autant, la France s’en sort bien à l’Eurovision.
La France va-t-elle enfin gagner avec Madame Monsieur, et leur titre Mercy, sélectionnés à l’issu du concours Destination Eurovision, sur France 2 ?
Je suis désolé mais je ne comprends pas tout cet engouement et ce battage médiatique autour de ce titre. Il ne me fait rien, je le vois en bas de classement. Je préférais presque tous les autres titres issus de la finale nationale.
Pour connaître le classement final de Madame Monsieur, il faudra attendre jusqu’au 12 mai prochain. On souhaite bonne chance au duo frenchy, bon favori de cette 63ème édition.
Matthieu Bobard
Crédits photo de couverture : youtube.com
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